Organiser un événement éco-responsable... à Paris ?

Nous connaissons la difficulté qu'il peut y avoir à organiser un événement sportif dans une grande ville ; et plus encore si cet événement et la Fédération qui l'organise cherchent à s'inscrire dans une démarche éco-responsable. Aussi étions-nous très curieux de voir comment la Fédération française de randonnée pédestre allait gérer la 3ème édition de sa rando GDF-Suez, et digérer le succès de ses deux premières éditions...
Une signalétique superbe (photo ci-dessus) permettant au marcheur lambda de découvrir sur place le circuit de l'édition 2010, complétée par un TopoGuide de qualité à retirer sur l'un des nombreux points d'accueil de la randonnée: dispositif informatif très bien pensé, même si l'édition de toutes ces brochures (20 000 ? 25 000 ? 30 000 ?) - estampillées Imprim'vert - nous laisse rêveurs... à 50g le TopoGuide, ça fait déjà plus d'une tonne de déchets avérés, l'espérance de vie de ce document ne dépassant pas a priori la durée de la randonnée elle-même, soit une demi-journée...

Jolie ambiance au départ de cette rando de masse, qui aura sans doute rassemblé moins de monde que l'année passée (soyons clairs: ce n'est pas le nombre qui fait la réussite d'une manifestation éco-sportive, nous ne le répèterons jamais assez !), mais qui réussit l'exploit de rendre Paris aux piétons le temps d'un joli dimanche ensoleillé. Rien que pour ça, merci aux organisateurs !

Encore un avantage que cette rando nous procure: les enfants peuvent aller bouder dans les couloirs de bus sans risquer de s'y faire écraser !!!

GDF-Suez accompagne depuis près de 20 ans les efforts de la FFRP, en contribuant notamment à la réhabilitation de 10 000 km de chemins de randonnée en France.


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Notre sentiment sur ce rassemblement dominical très ré-oxygénant:
- Les randonneurs sont des gens sains et joyeux qu'il fait bon fréquenter: ambiance conviviale, hommes et femmes de tous âges, en forme physiquement (corps toniques, mollets saillants et bedons inexistants), créant autour d'eux une zone non-fumeurs inestimable, ne laissant aucun detritus par terre, etc... une population de rêve !!!!
- 12km à pied en plein Paris, au hasard d'un itinéraire historique et culturel pittoresque soigneusement concocté par des organisateurs soucieux de bien faire, ça ne peut qu'être bénéfique à tous... enfin, au moins aux participants, à la Fédération et aux partenaires de l'événement ! Nombre de riverains - qui ne pouvaient notamment plus sortir de leur domicile en voiture, ou y accéder - semblaient avoir une opinion un peu différente de la situation (on a par exemple frôlé l'émeute à Port-Royal, où une personne handicapée et une infirmière en service sont restées bloquées très longtemps et de manière assez inacceptables)... sans parler des responsables du cimetière Montparnasse, excédés que ce lieu de recueillement soit envahi de quidams aussi importuns.
- Côté circulation toujours, ne pas croire qu'interdire une partie de Paris aux automobilistes limite pour autant le trafic; il est simplement distribué autrement (cf. les embouteillages monstres à certains carrefours délicats, et les insultes qui pleuvaient très dru sur les malheureux policiers en service à ce moment-là)... le dispositif de circulation est sans doute à revoir, avec des zones de circulation filtrée à prévoir, pour désengorger les zones très sensibles et limiter les dommages collatéraux causés par les conflits d'usage.
- Et puisqu'il est question d'émissions de gaz à effets de serre, évoquons l'impact-transport de la venue de ces milliers de pratiquants verts qui ont convergé vers la Bastille en ce dimanche estival: ici, un groupe de 57 Gardois arborant fièrement leur foulard "Région Languedoc-Roussillon", là un groupe de "Nordistes" faisant l'aller-retour Lille-Paris dans la journée, ici encore des montagnards défendant la candidature d'Annecy à l'organisation des Jeux olympiques d'hiver 2018... ça en fait des kilomètres, tout ça, dont le cumul corse l'addition CO2 de la journée.
- Et puis: mince ! Comment se fait-il que les organisateurs aient offert une bouteille d'eau minérale (belge, propriété de la multinationale Coca-Cola) à tous les randonneurs, alors qu'il aurait été si simple de leur suggérer d'amener une gourde (ils y sont habitués !) ? Pour de tels rassemblements (non compétitifs) de masse, que de déchets inutiles produits, de surcroît issus du pétrole !
- Enfin, nous avons été très peinés d'observer à de multiples reprises à l'arrivée de cette rando la répétition d'une scène humainement insupportable: des mendiants tentant Place de la Bastille de récupérer des sacs destinés aux randonneurs (objet du délit: 0.5 litre d'eau, une pomme et une casquette promotionnelle) et se les voyant refuser par les bénévoles de l'organisation, sous prétexte qu'ils n'avaient pas fait la randonnée... Même si nous savons qu'il est important dans une organisation d'édicter des règles et des consignes qui soient respectées, le nombre de sacs préparés par l'organisation était très supérieur à celui des randonneurs présents ce jour-là (certains ont d'ailleurs largement dépassé leur quota, et emporté chez eux de quoi nourrir toute leur famille...), et le sport serait sorti grandi d'offrir ces quelques victuailles en excès à des êtres humains dans le besoin...

Ne nous méprenons pas sur le sens de ce billet d'humeur. La FFRP figure parmi les Fédérations sportives exemplaires en matière de respect de l'environnement et plus généralement de prise en compte des problématiques actuelles du développement durable, et nous soutenons sans arrière-pensée les efforts qu'elle déploie en ce sens depuis de nombreuses années.
Cependant, organiser une opération de communication en plein centre de Paris n'est pas sans poser quelques problèmes spécifiques susceptibles de peser dans la balance au moment des bilans et de s'avérer potentiellement contre-productive, en terme d'image notamment... Merci à la FFRP de son action globale; merci à elle également des efforts qu'elle entreprendra pour faire en sorte que l'édition 2011 de cette superbe initiative soit encore plus éco-responsable.