L'eau et le sport... quelques chiffres

L'eau est omniprésente dans le sport : comme support de pratique en milieu naturel ou artificiel (natation, canoë, planche à voile, ski, …), comme moyen d’hydratation, d’hygiène des corps, de nettoyage de matériels, équipements et infrastructures, etc.
SVPlanète développe aujourd'hui une réflexion autour des manières dont les organisateurs de manifestations sportives, ainsi que les propriétaires et les responsables d'équipements sportifs peuvent contribuer, dans le cadre de leurs activités, à une meilleure utilisation / consommation / gestion de l’eau.

Quelques exemples suffisent à décrire l'ampleur de la thématique (Sources: Claude Legrand & Didier Lehénaff, INSEP 2007):
- CONSOMMATION D'EAU DU SPORTIF En France, un sportif consomme en moyenne 204 litres d'eau par jour (soient 75 m3 par an) contre 150 litres / 55 m3 pour le Français moyen, et 69 litres / 25 m3 pour un enfant.
- PISCINES La France compte un peu plus de 6 100 bassins de natation dont 1 500+ dédiés à la natation sportive (25 % du parc), soit un volume global d’eau consommé par an de 19,6 millions de m3 (équivalant à 39 millions d’€), auxquels il convient d'ajouter 50 millions de m3 (100 millions d’€) pour les 1 270 000 piscines privées à usage exclusif de la famille. Les pratiques de baignade & natation en milieu artificiel représentent donc au total en France 70 millions de m3 et un budget de près de 140 millions d’€.
- PATINOIRES La France compte 155 patinoires fixes / 150 patinoires mobiles (installées chaque année pour des durées limitées), nécessitant en moyenne 60 m3 / 28 m3 d'eau, respectivement. L'ensemble des patinoires françaises consomme donc chaque année environ 45 000 m3 d'eau.
- NEIGE ARTIFICIELLE Sur les 357 stations de ski françaises, 191 sont équipées d’installation d’enneigement artificiel couvrant 4300 ha de pistes. Le parc français est estimé à 4300 canons à neige. L’enneigement d’une piste de ski nécessite en moyenne 20 000 m3 d’eau. La consommation d’eau du parc français des installations d’enneigement artificiel est évaluée à plus de 17 millions de m3 d’eau (34 millions d’€).
- MARATHON Plus de 400 000 bouteilles d'eau minérale sont distribuées sur l'ensemble des ravitaillements de chaque édition du marathon de Paris = 200 tonnes/m3 d'eau dont plus de la moitié est perdue (le marathonien prend une gorgée ou deux, s'asperge le visage et jette immédiatement la bouteille). Au même moment, ce sont 8 à 12 tonnes de déchets produits uniquement par ces bouteilles en plastique... sans parler des 30 000 éponges jetées sur le bas côté.

Les risques qui pèsent sur l’eau pour les pratiques sportives peuvent être regroupés en deux catégories:
- le risque de raréfaction voire de disparition de l’eau engendrerait l’extinction de certaines pratiques sportives: pensons aux conflits d'usages (pratiques sportives vs. consommation domestique), ou aux situations de sécheresse qui interrogent le sport sur ses usages de l’eau
- une privatisation de l’eau pourrait entraver la pratique: discrimination par les prix, discrimination par les quantités.

L'enjeu identifié ici est de taille: il faut apprendre à gérer de manière dynamique et innovante nos ressources en eau, pour éviter de s'exposer à terme à la disparition pure et simple de certaines pratiques sportives...

Enfin, une ultime réflexion, concernant le TEXTILE SPORTIF... L’analyse du cycle de vie (ACV) des produits révèle qu'un tee-shirt en coton nécessite des milliers de litres d'eau pour être produit, car la culture du coton est un processus très long, l’eau d’irrigation qui chemine par des canaux construits sur des kilomètres jusqu’aux champs s’évapore, pénètre dans les sols ou est perdue en raison de l’inefficacité plus ou moins grande des méthodes d’irrigation utilisées localement, etc. Sans compter les dommages collatéraux (dégâts sur l’environnement et sur la santé) liés à l’utilisation massive (une culture de coton est parfois traitée 25 fois par récolte !) de produits phytosanitaires pour protéger les végétaux, dont la faune, la flore, et les hommes constituent les victimes. Quand on connaît l’ampleur de l’industrie du textile sportif, et qu’on pense aux dizaines de millions de tee-shirts qui sont commandés par les organisateurs, les clubs, les fédérations ou les partenaires, puis consommés par les pratiquants, les bénévoles et les VIPs dans le cadre des pratiques sportives les plus diverses, ne peut-on imaginer d’infléchir ces consommations pour les rendre plus éco-responsables, et contribuer ainsi à économiser l’eau sur notre planète ? SVPlanète propose des solutions concrètes : valoriser les produits issus des cultures pluviales (beaucoup plus économes en eau) par rapport aux cultures d’irrigation; recourir à d’autres matériaux naturels, moins dispendieux en eau que le coton, comme le bambou ou le chanvre; opter pour des textiles bio; inciter à la consommation de textiles issus du recyclage, voire à la consommation de produits alternatifs; ou tout simplement renoncer à son tee-shirt souvenir comme gage de sa participation à une épreuve sportive, quelle qu’elle soit!